Dans une semaine, les citoyens français sont invités à se prononcer par leurs suffrages sur le choix du Chef de l'Etat.
Douze candidats sont retenus pour le premier tour de scrutin.
Combien de ces douze candidats peuvent prétendre réunir autour de leur candidature la majorité des Français? Combien de ces douze candidats représentent un projet de société et une ambition pour la France?
Je ne parlerai pas ici de vote utile. Je pars du principe que chaque voix exprimée par un citoyen français est un vote utile. En revanche, il faut un rapport entre le vote et l'objet de l'élection.
Il ne s'agit pas d'exprimer une contestation. Il ne s'agit pas d'exprimer un mécontentement. Il ne s'agit pas de voter par dépit. Dans une semaine, nous devons élire le Président de la République française.
Il faut que chacun prenne conscience de l'intelligence collective du scrutin et des enjeux qui en découlent. J'invite chacun et chacune à se responsabiliser sur les objectifs qu'il souhaite.
A ceux qui m'opposent de façon récurrente qu'ils ne sont pas représentés et que leur seul moyen d'expression électorale est le scrutin présidentiel, je réponds : Il vaut mieux choisir un candidat qui ne serait pas nécessairement celui qui correspond le mieux à ses idées, mais qui prône une refonte de nos institutions et l'ouverture de la Chambre par un scrutin au moins pour partie proportionnel afin d'y être représenté à terme, plutôt que de vouloir exprimer aujourd'hui un mécontentement inutile qui ne débouchera sur rien dans le cadre de ce scrutin.
Quatre candidats du premier tour peuvent, selon les enquêtes d'opinion, être présents au second tour de l'élection. Quatre candidats qui représentent chacun entre 20 et 25% des votants. C'est au moins quatre courants politiques qui devraient être représentés à l'Assemblée nationale puisqu'ils composent le paysage politique français. Que l'on soit en accord ou opposé à leurs orientations programmatiques, la démocratie, c'est accepter que tous ne pensent pas comme nous et accepter que notre point de vue n'est pas nécessairement majoritaire ; que chacun pris individuellement dans ses convictions propres n'est pas détenteur de la Vérité absolue. La démocratie, c'est expliquer ses convictions, convaincre, adhérer, participer, s'exprimer et avancer ensemble vers un objectif commun dégagé par la plus large majorité possible.
Le scrutin majoritaire aujourd'hui nie la réalité de la représentation nationale et favorise le bipartisme. Le jeu des alliances ou des refus d'alliances conduit à la Chambre des groupes politiques qui ne représentent plus dans leurs proportions la réalité de l'échiquier d'une part. Et d'autre part, la bipolairisation de la représentation nationale soustrait la possibilité d'une large communauté d'idées dans le concensus face aux enjeux majeurs.
L'éclatement de la gauche en est un exemple frappant. Outre un parti socialiste enferré dans ses querelles intestines entre la ligne radicale de Laurent Fabius et la ligne d'ouverture de Michel Rocard, la gauche de la gauche n'est pas représentative à l'Assemblée. C'est bien le jeu des alliances qui conduit le parti communiste moribond à disposer d'un groupe parlementaire alors que d'autres formations de la gauche en mouvement sont sous représentées ou exclues de la représentation, que ce soient les Verts ou la Ligue communiste révolutionnaire par exemple.
La droite de son côté par le rejet de toute alliance avec la droite nationaliste du parti de Jean-Marie Le Pen exclue sa représentation à l'Assemblée en détournant des voix de barrage à la gauche au profit de l'UMP. Mais c'est un vote de dépit qui conduit des électeurs frustrés à s'exprimer dans d'autres scrutins. Le résultat? Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002!
De la même manière, pour exister politiquement sur un échiquier politique tronqué d'alternative, l'UDF fait le jeu des alliances avec l'UMP qui prend bien garde à maintenir le parti centriste dans un rôle de second plan.
C'est ce sentiment de frustration de ne pas être représenté, de voir ses idées différentes ne pouvoir s'exprimer dans notre champ politique qui conduit certains électeurs à voter aux extrêmes quels qu'ils soient. Beaucoup de Français ont le sentiment d'être pris en otages pour cinq ans au terme des scrutins présidentiel et législatif.
En conscience, vous, électeurs de gauche, pensez-vous réellement que voter pour Marie-Georges Buffet, pour José Bové, pour Arlette Laguiller ou pour Olivier Besancenot lors du premier tour de l'élection présidentielle aura quelque impact que ce soit sur le parti politique de gouvernement à gauche, à savoir le parti socialiste?
En conscience, vous, électeurs de la droite nationaliste, pensez-vous réellement que voter pour Jean-Marie Le Pen ou dans une moindre mesure pour Philippe de Villiers aura quelque impact politique que ce soit sur les orientations de l'UMP?
Deux réponses simples : A gauche, la candidate représentant le parti socialiste est contestée dans son propre camp pour ne pas être représentative, justement, du peuple de gauche et ne pas incarner une réelle ambition socialiste. La leçon de 2002 n'a pas été comprise.
A droite, le candidat de l'UMP face à l'Europe projette de faire ratifier le Traité constitutionnel européen par les Chambres réunies en Congrès, et ainsi passer outre la décision des Français exprimée par voie référendaire. La leçon de 2002 n'a pas été comprise.
Si la majorité de nos hommes et femmes politiques n'ont pas compris ce que les français ont voulu exprimer, c'est à nous, citoyens, de se responsabiliser et de faire le choix de l'intelligence collective.
Ce ne sont pas les déclarations d'intention de Ségolène Royal ou les promesses de Nicolas Sarkosy adaptables dans les deux cas selon l'actualité ou les enquêtes d'opinion qui représentent une analyse pragmatique de la situation de la France tant à l'intérieur que dans ses engagements internationaux.
Il faut distinguer ce que nous pouvons souhaiter et ce qui peut être réalisé. La preuve? Combien de promesses de début de campagne, combien d'intentions sont aujourd'hui oubliées pour avoir pris les candidats à défaut?
Au risque de déplaire : je m'engage! Le seul candidat qui offre une lecture pragmatique de la situation de la France, qui propose un projet de société incluant la modernisation de l'appareil d'Etat et la refonte nécessaire de nos institutions et qui ne fait pas de promesses qu'il ne saurait tenir, c'est François Bayrou!
Ceux qui me connaissent savent bien que je ne suis pas le premier soutien du président de l'UDF. Peut-être François Bayrou n'a t'il pas le charisme médiatique d'un Nicolas Sarkozy ou d'une Ségolène Royal. Mais je ne veux ni la France de l'exclusion de l'un, ni la France des exclusions de l'autre.
Je veux une France de l'ouverture, non seulement sur un échiquier politique réinventé et mieux représentatif, mais qui tienne compte également de la société civile. Je veux une France qui sache se rassembler pour réformer fondalementalement son fonctionnement institutionnel et son administration.
Ni la droite de Nicolas Sarkozy, ni la gauche de Ségolène Royal ne sauront faire face aux enjeux qui s'annoncent pour la France car ils ne seront pas en mesure de rassembler assez largement autour de leurs noms. Seule une politique de large ouverture au-delà des frontières actuelles des partis pourra permettre de répondre à l'avenir.
Le candidat du vrai changement, le candidat du pari sur l'avenir, c'est François Bayrou.
Osons donner une chance à notre pays d'abandonner un fonctionnement rétrograde et de s'ouvrir sur le nouveau millénaire.
Osons passer outre les clivages d'un autre temps : L'affrontement entre le bleu horizon d'un bloc national et le cartel des gauches est aujourd'hui révolu.
Oui, le centre peut représenter une chance et une alternative crédible.
Oui, le centre peut travailler avec la droite.
Oui, le centre peut travailler avec la gauche.
Comme le souligne Michel Rocard, il n'y a pas d'incompatibilité fondamentale entre les sociaux-démocrates et les démocrates-sociaux.
Le centre repensé ainsi, c'est l'Ordre social : Une doctrine politique qui ne se veut pas molle contrairement à l'image qu'a donné du centre la magistrature de Valéry Giscard d'Estaing, mais un projet de cohésion sociale juste, dans une société respectée et respectueuse. C'est bien le projet porté par la nouvelle UDF.
Et bien moi, c'est ce pari que j'ai envie de prendre! C'est cette France que j'ai envie de vivre! Et c'est pourquoi je vais oser voter pour François Bayrou. Ce sera peut-être, et je le souhaite, le tremplin d'autres personnalités qui pourront se placer dans ce sillage et révéler ainsi que notre union fait notre force. Une France pragmatique sera mieux respectée des institutions européennes et sera davantage entendue dans les instances internationales.
Mes chers compatriotes, dimanche prochain, vous devez exprimer votre choix pour le second tour de l'élection présidentielle. Ne vous laissez pas une nouvelle fois prendre en otages par les jeux politiciens.
Osez une perspective à long terme, osez croire en l'avenir d'une France malade aujourd'hui de ne plus croire en elle-même dans ses affrontements stériles et fratricides. Ne croyez pas les promesses illusoires et les intentions utopistes. Ne croyez pas qu'un vote aux extrêmes aura quelque influence que ce soit sur les orientations des partis de gouvernement. Choisissez un Président pour la France qui saura rassembler au-delà de sa famille politique et qui saura faire de notre pays une France nouvelle, une France moderne, une France forte.
Françaises, Français, dimanche prochain, si vous voulez une France plus juste, une France sereine, une France d'avenir, une France représentative de ce qu'elle est, votez François Bayrou!
Commentaires