La campagne présidentielle 2007 a particulièrement intéressé les Français. Le taux élevé de participation attendu est significatif à cet égard. Malgré tout, selon les enquêtes d’opinion, cette campagne ne semble pas avoir répondu à toutes les attentes des électeurs qui la jugent assez sévèrement.
Jamais une élection n’est apparue si incertaine. A la veille du premier tour de scrutin, il est assez difficile de faire un pronostique en observant les courbes des différents instituts de sondage. J’ai repris l’ensemble des résultats BVA, CSA, Ifop, Ipsos, LH2 et TNS Sofres. Exception faite des dernières enquêtes d’opinion de CSA qui se distinguent sur certains points dans leurs résultats, les autres instituts révèlent néanmoins quelques similitudes.
Mais au-delà des simples chiffres très abstraits des sondages, la campagne révèle un autre éclairage sur notre vie politique. A la croisée des journalistes et des analystes, je vais essayer d’en faire la synthèse.
Une campagne qui a intéressé les Français, donc. En effet, au bilan de cette campagne de premier tour, les émissions consacrées à l’élection présidentielle dans les programmes télévisés ont battu des records d’audience toutes chaînes confondues. Un regain des ventes de presse quotidienne et de magazines d’information hebdomadaires témoigne de cet engouement. Un engouement qui révèle des attentes qui n’ont pas vraiment été satisfaites. En effet, 59% des Français disent avoir été déçu par la campagne.
Campagne de l’incertitude et de la fluctuation, de la mouvance des intentions de vote d’un candidat à l’autre, c’est 27 à 33% des électeurs qui se déclarent encore indécis à l’avant-veille du scrutin. Les analystes des enquêtes d’opinion nous ont expliqué à l’envie comment ils dégagent une orientation en fonction de leurs résultats. Et bien c’est justement cette orientation qui semble difficile à déterminer.
Tout d’abord les certitudes statistiques. Depuis 10 à 15 jours, au deuxième tour, Nicolas Sarkozy l’emporte sur Ségolène Royal d’une courte majorité (51/49) dans toutes les enquêtes à l’exception de CSA qui place les deux candidats à une stricte égalité. Ces résultats s’expliquent par une partition presque égalitaire des électeurs de François Bayrou bien que légèrement dominante à gauche.
François Bayrou, lui, l’emporterait sur Ségolène Royal comme sur Nicolas Sarkozy avec une large majorité (55/45 contre Sarkozy ; 58/42 contre Royal). Ce résultat s’explique par l’analyse d’opinion favorable au candidat. En effet, indépendamment de l’intention de vote, c’est François Bayrou qui a la cote d’opinion favorable la plus élevée à 57% contre 44 à 48% pour Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
Concernant le premier tour de scrutin, les enquêtes d’opinion dans la dernière ligne droite révèlent une stabilisation des intentions de vote pour Nicolas Sarkozy autour de 28% après qu’elles aient connu une légère baisse. A l’exception de CSA dans l’enquête duquel la candidate socialiste connaît une légère progression au détriment de François Bayrou dans la dernière ligne droite, les autres instituts révèlent plutôt une légère baisse des intentions de vote pour Ségolène Royal au profit du candidat centriste : Ségolène Royal bénéficie de 22 à 23% d’intentions de vote contre 19 à 20% pour François Bayrou.
Les intentions de vote pour Jean-Marie Le Pen ont culminées début avril entre 14 et 16% pour se stabiliser de nouveau autour entre 12 et 14% selon les instituts. Mais dans les derniers jours, tous les instituts ont constaté une remontée progressive et régulière des intentions de vote pour Jean-Marie Le Pen le replaçant dans sa fourchette du début du mois.
Je me garderai bien pour ma part de faire un pronostic. En revanche, je ne cache pas mon désir ardent de voir la vie politique française se moderniser sensiblement et de transcender les clivages en prônant un vote Bayrou.
Cette campagne présidentielle nous a montré que l’élection de dimanche nous place à la croisée des chemins. C’est un test pour l’UMP comme pour le PS. La création de l’UMP et son monopole sur la droite d’un côté, l’effondrement des partenaires historiques du PS de l’autre, font que les deux partis majoritaires de gouvernement n’ont plus d’alliés. Mais le bipartisme qui correspond à certaines formes de démocratie occidentale sur le modèle anglo-saxon ne correspond pas à la réalité française. La révolution douce de notre système politique qui devait conduire à l’affrontement de deux possibles ne s’est pas produite. Il y a d’ailleurs des résistances très fortes au bipartisme : L’extrême gauche représente entre 10 et 12% de l’électorat et l’extrême droite environ 15%.
Les politologues du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et du CNRS admettent qu’une recomposition et une redistribution du système et des partis actuels est inéluctable à terme et qu’en tout état de cause elle ne sera pas facile. La question que je pose pour ma part : Les Français vont-ils l’oser maintenant ?
Le constat peut paraître amer pour certains, mais c’est une réalité. Les combats idéologiques ont changé : A la fin du XIXème siècle, c’est le choix du régime qui opposait la Droite et la Gauche, les monarchistes contre les républicains. Plus tard, ce sera le combat de l’Ecole. Au début du XXème siècle avec l’avènement du communisme, ce sera un modèle de société qui opposera les deux camps. Aujourd’hui, l’offre politique de la Gauche comme de la Droite est difficilement identifiable pour l’électeur et conduit à l’indécision. Une indécision renforcée par le principe “participatif” de cette campagne que les candidats ont fait évoluer selon les états de l’opinion.
Le parti communiste français, moribond, ne se relèvera pas. Les écologistes connaissent un déclin historique qui révèle qu’ils ne répondent pas à cette préoccupation dans leur forme actuelle, du reste raillée chez nos voisins européens. Le parti socialiste est arrivé au terme du cycle ouvert avec le Congrès d’Epinay. L’extrême gauche se redéfinit avec la prédominance de la LCR incarnée par Olivier Besancenot tandis que LO va s’éteindre progressivement avec le départ de sa figure emblématique. De l’autre côté de l’échiquier politique, on peut prédire un recul significatif du Front national après le départ de son charismatique président. Ce recul positionnera l’actuelle UMP comme un parti marqué franchement à droite auquel répondra un parti de centre gauche composé de l’UDF actuelle, d’écologistes pragmatiques dans le développement durable et le commerce équitable et d’une partie du PS qui admet l’économie de marché. L’autre partie du PS se rapprochant de l’extrême gauche par son positionnement politique.
En France, le lien social était un lien politique. C’est ce lien politique qui jouait le rôle de ciment de la société malgré la crise du milieu des années 1970. La fracture sociale est née de la crise de régime : Système des partis et représentation politique ne répondant plus aux attentes ont entraîné un manque de confiance. Et si d’autres pays ont connu un malaise social, en France il s’est exprimé sous des formes extrêmes. L’avenir est devenu anxiogène. Jusque là, demain promettait d’être meilleur qu’aujourd’hui. Actuellement c’est l’inverse : Les Français n’ont pas de perspective pour se projeter vers le futur.
La principale préoccupation de nos concitoyens se place sur le terrain économique et social : emploi, emploi des jeunes, formation des jeunes adaptée à l’appareil de production. C’est pour ne pas avoir abordé en profondeur ces sujets que la campagne de premier tour n’a pas tenu la promesse des engagements économiques et sociaux et c’est sur ce terrain que se jouera le second tour de l’élection présidentielle. Les Français sont exigeants pour leurs enfants. C’est dans le cadre intergénérationnel que l’élection va se dessiner. Ils attendent que les politiques inversent la machine.
Et c’est bien par crainte de ne pas avoir su créer de perspective pour se projeter dans l’avenir que le thème de l’identité nationale a été manipulé pendant la campagne pour éviter d’aborder les vrais problèmes. Un thème abordé y compris là où on ne l’attendait pas puisque la candidate socialiste l’a utilisé pour faire rebondir sa campagne. Le référendum de 2005 est une ombre portée sur cette élection présidentielle. Les candidats d’aujourd’hui ont perçu le non massif comme une sorte de peur et ils ont peur de la peur des gens. Cela les retient. Ils ne veulent pas prendre de risque électoral et ont même développé des thématiques anti-européennes absurdes à droite comme à gauche.
L’élection présidentielle mobilise traditionnellement les Français. A travers l’intérêt particulier qu’ils ont porté à cette campagne, ils ont exprimé le désir de voir se combler le fossé entre le Peuple et les politiques. Le Président qui sera élu aura la mission de transformer l’intérêt en confiance.
Avant de glisser votre bulletin dans l’urne demain, ce bulletin qui entraînera la qualification de deux candidats pour le second tour du scrutin présidentiel, demandez-vous si votre choix est le choix d’une chance pour l’avenir. Demandez-vous si le nom inscrit sur le bulletin que vous allez confier dans le secret de l’isoloir au suffrage de la Nation est le nom de celui qui sera le mieux à même de redonner aux Français leur espérance.
Conformément à la Loi électorale, les résultats des enquêtes d'opinion évoqués dans cette note ne tiennent pas compte des sondages réalisés après le vendredi 20 avril à minuit.
Pour ma part je suis contre ce déchainement de sondages, il ne me semble pas qu'il y en eut autant les fois précédentes. Je suis persuadée que ceux ci jouent sur le comportement de certains électeurs, les empechent de réfléchir et de penser par eux mêmes, ils sont une nouvelle fois assistés. Combien sommes nous à avoir lu les professions de foi pas toutes mais quelques unes au moins ? Il y a trop d'influence et cela est néfaste. Ce n'est plus de la politique on fait son tiercé gagnant
Rédigé par : christiane | 24 avril 2007 à 21:31
Je ne comprends pas que quelques jours, voire même quelques heures avant le scrutin 27 à 33% des électeurs sondés étaient indécis, alors qu'avec les résultats il y a eu si peu de blancs, nuls. Ces électeurs ont ils répondu n'importe quoi ou en leur ame et conscience. Avaient ils assez des sondages ?
Le parti communiste est moribond mais il décline déjà depuis un certain temps, est il encore d'actualité chez nous ?
Les verts pour ma part ne devraient pas être un parti tout comme pêche chasse nature et tradition.
L'écologie pour moi est le fait de tous et à tous les niveaux. Ce ne doit pas être de la politique pure. revenons aux communistes et l'extrème droite, je les trouvent tout aussi dangereux. quant à la LCR de Besancenot, il a su faire sa place, il est au fait de tout les dossiers, mais un peu trop utopique, sur certains points, comme partager le travail.
Quand au président il doit être celui de tous les français, intégre ne pas être au dessus des loi pour lui et l'ensemble du monde politique, il doit ramener les français vers l'ambition le courage, le respect et le sens du devoir, et ramener la France tant au niveau Européen ou mondial au rang qu'elle mérite et qu'elle n'aurai jamais du quitter. Je trouve très intéressante ton étude et suis d'accord sur beaucoup de points
Rédigé par : christiane | 25 avril 2007 à 21:53