Couronne de haut de tête de l'Impératrice Eugénie
Musée du Louvre
Département des Objets d'Art
Galerie d'Apollon
OA11160
Depuis la Révolution française, les Joyaux de la Couronne ont connu une histoire des plus mouvementée. Cette histoire s'est soldée par la dispersion de la plus grande partie des "Diamants, perles et pierreries provenant de la Collection dite des Joyaux de la Couronne" en 1887 en vente publique. Les parures réalisées sous le Second Empire pour l'Impératrice Eugénie seront scindées en plusieurs morceaux pour faciliter la vente et perdre ainsi entièrement leur identité historique. Les montures anciennes qui étaient jusque là conservées, seront brisées et vendues au poids.
La question était purement politique comme en témoigne le rapport du député Meullon, lu à la Chambre le 7 décembre 1886 peu avant l'adoption de la loi d'aliénation : "Le principe même de l'aliénation n'est plus en cause. Il est évident qu'à l'exclusion, admise d'ailleurs, des objets qui ont un caractère artistique, la conservation de ces pierreries ne peut avoir d'intérêt que pour ceux qui en escomptent l'emploi pour une tête à déterminer plus tard. Mais une démocratie sûre d'elle-même et confiante dans l'avenir a pour devoir de se défaire de ces objets de luxe, sans utilité et sans valeur morale, et de ne pas laisser improductive une somme considérable enterrée dans des caves. C'est ce que doivent comprendre d'ailleurs eux-mêmes les nombreux prétendants, et avant de se disputer la Couronne, au grand détriment du pays, ils pourront, tout à son avantage, s'en disputer les joyaux sur le terrain des enchères..."
Le caractère artistique est déterminé par des commissaires de la République. Certaines pierres seront conservées et déposées au Muséum d'Histoire naturelle où elles rejoignent la collection de gemmologie et quelques pierres du trésor déposées dès 1798. Le Régent quant à lui est envoyé au Louvre avec les quelques rares "objets ayant un caractère artistique" préservés de la vente. Sa couleur est "de la première eau" et il pèse 140,640 carats métriques : type le plus pur des diamants de l'Inde, il est dépassé en poids par de nombreux autres diamants de l'Afrique du Sud, mais grâce à ses qualités exceptionnelles d'eau et de taille, il est considéré comme le plus beau diamant du monde.
Après avoir terminé, le 13 février 1855, la couronne impériale définitive de Napoléon III (la première avait été réalisée en 1853), Gabriel Lemonnier réalise entre février et mars 1855 une couronne de haut de tête pour l'Impératrice Eugénie qui sera présentée à l'exposition universelle de 1855.
Composée avec une grande élégance, elle respecte la forme héraldique : Huit aigles dont les ailes forment branches alternent avec huit fleurettes surmontées d'arceaux à palmettes. Le 13 février 1855, le trésor de la couronne a fourni pour la réaliser 102 brillants qui seront sertis dans les appliques du bandeau, dans les palmettes, la croix et les entourages des appliques du bandeau. Lemonnier fournit en outre 1252 petits brillants, 1136 roses et 56 émeraudes, pierres payées sur les fonds de la cassette impériale.
Le cercle d'or, bordé de brillants, montre huit émeraudes et huit rosettes de brillants alternées. Les fleurettes à palmettes et les arceaux sont entièrement en diamants. Deux émeraudes sont placées de chaque côté des fleurettes, touchant les pattes des aigles d'or. Les branches se réunissent à un globe de diamants cerclé d'émeraudes et supportant une croix de brillants (figure héraldique du "monde").
En 1875, les joyaux de la Couronne firent l'objet d'une vérification et d'un inventaire. Charles Thévenin qui avait été le trésorier de la cassette de l'Empereur fit remarquer à la commission les achats réalisés sur celle-ci. La somme estimée à 103409,35 francs devait donc être remboursée par l'Etat à l'Impératrice Eugénie exilée, héritière de l'Empereur décédé en 1873 en Angleterre à Chislehurst. On décida de lui restituer les huit grandes émeraudes de la couronne impériale de Napoléon III estimées à 45000 francs acquises par l'Empereur. Et comme il n'était pas possible sur les différents objets de démonter les petites pierres acquises sur la liste civile, on y ajouta la couronne de l'Impératrice.
L'Impératrice léguera cette couronne à la Princesse Marie-Clotilde Napoléon, comtesse de Witt. Elle rejoindra les vitrines de la galerie d'Apollon du Louvre en 1988 (don de Monsieur et Madame Roberto Polo).
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