Hier, mercredi 25 avril 2007, le Conseil Constitutionnel a publié la déclaration des résultats du premier tour de scrutin à l'élection du Président de la République.
Depuis dimanche et dès les premières estimations des résultats de ce premier tour, les analyses et les commentaires politiques se sont multipliés. Et une fois ces résultats consolidés, la campagne du second tour a commencé. Au premier tour, les candidats ont opposé des projets de société. Au second tour, il s'agit pour Ségolène Royal et pour Nicolas Sarkozy de développer une dynamique pour gagner une majorité de Français au projet de société qu'ils portent.
Mais nous l'avons vu, les Français ont également porté une autre dynamique, celle incarnée par François Bayrou. C’est un changement en profondeur. En effet, la variable d’ajustement entre la Droite et la Gauche qui était traditionnellement aux extrêmes est aujourd’hui au Centre et partagée par les deux partis de gouvernement qui s’opposent.
On attendait une participation importante à la lecture de l'intérêt que les Français ont porté à cette campagne. Elle a été massive. Elle a été historique. C'est 83,77% des Français inscrits sur les listes électorales qui ont exprimé leurs suffrages. C'est donc une volonté qui s'est révélée à travers ce vote. Les Français veulent choisir, les Français veulent décider.
On ne peut que se réjouir de la vitalité démocratique retrouvée de notre pays. En 2002, les candidats étaient des candidats institutionnels, statutaires, ils n’ont pas mobilisé les Français. En 2007, c’est l’opinion qui a sélectionné ses candidats, c’est l’opinion qui a exprimé un choix nouveau à l’occasion du scrutin. Les Français attendaient un repositionnement du grand parti de la Droite. Nicolas Sarkozy a répondu à cette attente. Les Français attendaient une renaissance électorale de la Gauche. Ségolène Royal a su incarner ce pari. Les Français souhaitent un renouveau de la vie politique en France. François Bayrou a représenté cette alternative crédible.
Critiqué au premier tour par ses adversaires pour ne pas avoir de projet pour la France et de programme pour les élections présidentielles, brocardé pour représenter une utopie d’association des compétences, François Bayrou incarne une troisième voix avec laquelle il faut composer.
Ségolène Royal a gagné son pari parce que c’est une femme libre au sein du parti socialiste. En effet, le parti socialiste est tiraillé entre deux tendances qui ont de plus en plus de mal à cohabiter. La tendance de l’ancrage à Gauche, incarnée par Laurent Fabius attend l’échec de la candidate Royal en embuscade. La tendance sociale démocrate, incarnée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn a rejoint sans ambiguité l’ouverture nouvelle pronée par la candidate socialiste.
Les électeurs de Nicolas Sarkozy ont quant à eux un vote très affirmé. Ils représentent cette volonté d’une Droite déculpabilisée qui ne laisse pas à Jean-Marie Le Pen le monopole de la Nation et de la Patrie dans ses valeurs, qui aborde de front les questions de l’ordre et de l’immigration, et qui se place dans une économie franchement libérale.
La détermination de Nicolas Sarkozy ne peut pas être remise en cause. Au soir du premier tour, en totalisant 31,18% des suffrages exprimés et en arrivant en tête, il développe sa dynamique de victoire. Cette victoire ne serait que l’aboutissement attendu après 5 ans d’expérience de gouvernement où il s’est placé en électron libre affichant sa différence pour définir son identité électorale.
Les Français ont donc déterminé une recomposition du paysage politique : Une Droite affirmée, une Gauche renouvelée, et un Centre déterminé. Cette tripolairisation nouvelle s’est mise en place par l’effondrement de toute une catégorie de partis qui ressemble à un crépuscule. Des pans de l’histoire politique disparaissent avec de nouveaux enjeux pour ne pas avoir su renouveler leur électorat en se réformant et se modernisant.
Cela ne signifie pas que les extrêmes n’existent plus en France, cela signifie simplement qu’ils sont conduits à des proportions électorales plus représentatives. L’extrême droite représente 12,67% des suffrages exprimés, tandis que l’extrême gauche dans sa diversité représente 10,57%. Je ne reviendrai pas ici sur un parti communiste exsangue et sur une mouvance écologiste qui n’incarne pas les ambitions de ce débat.
A travers ce repositionnement de l’électorat se joue une recomposition majeure de la politique française avec néanmoins des variables multiples et autant de scénarii.
Les élections en France aujourd’hui se jouent à quatre tours : Deux tours pour les élections du Président de la République, deux tours pour les élections législatives. Non seulement les cinq années à venir vont se déterminer en fonction du Président que les Français auront plébiscité, mais également en fonction de la majorité présidentielle qu’il dégagera à l’Assemblée nationale pour gouverner. Et je dis bien, la majorité présidentielle. Jusqu'à l'adoption du quinquennat, on associait ou on opposait en période de cohabitation la majorité présidentielle et la majorité parlementaire. La concordance des mandats rend obsolète la notion même de majorité parlementaire qui fusionne avec la majorité présidentielle. En effet, depuis l’adoption du quinquennat, le fonctionnement institutionnel de la Vème République est bouleversé. En 1958, la Vème République était constituée comme un régime parlementaire avec un Président de la République au positionnement renforcé. A partir de 1965 et l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel direct, la Vème République est entrée dans un régime semi-présidentiel. Avec l’adoption du quinquennat, nous sommes clairement dans une orientation présidentialiste du fonctionnement de nos institutions.
Nous pouvons se féliciter ou déplorer un changement de nos institutions dans une orientation parlementaire ou présidentielle. Mais là où nous devons nous interroger, c’est sur la pertinence et l’équilibre des institutions. La modification seule de la durée du mandat du Président de la République induit une refonte profonde du fonctionnement de nos institutions. Oui, mais l’équilibre n’est pas respecté. Un régime présidentiel impose des contre-pouvoirs qui n’existent pas en France, qui n’ont pas été mis en place dans une Constitution qui n’était pas celle-là. Le seul contre-pouvoir dans l’actuelle Constitution est de réserver une majorité relative à l’Assemblée nationale au Président élu. Or, il est très difficile avec un scrutin majoritaire d’offrir à la Chambre une véritable représentation du paysage politique.
C’est pourtant cet infléchissement que les Français ont exprimé à l’occasion du premier tour de scrutin de l’élection présidentielle.
L’élection se gagne au Centre. Pourquoi ? Tout d’abord parce que ce sont les Français qui l’ont voulu ! Les Français ont voulu de ce pouvoir alternatif, de cette force de pression qui impose un infléchissement du candidat de la Droite comme de la candidate de la Gauche. Comme je l’évoquais en introduction, traditionnellement, l’infléchissement de la ligne politique des candidats de second tour se faisait aux extrêmes. La “réserve” des extrêmes n’existant plus, il faut composer autrement.
Les jours à venir vont révéler quelle est l’orientation politique d’ouverture des deux candidats. Nicolas Sarkozy dispose d’un programme facilement identifiable pour l’électorat. Cela rend difficile pour lui une ouverture attendue. C’est d’ailleurs ce que révèlent ses discours de campagne de second tour. Il se montre très ferme sur l’identité nationale, il refuse l’introduction d’une part de proportionnelle aux législatives, il revient sur le vote des étrangers aux élections locales. En parallèle, il ne sait qu’associer systématiquement le vocable “Centre” à son incarnation de la “Droite” dans ses discours. Les thèmes sont accolés, mais il n’y a pas plus de synthèse que d’association d’idée.
De son côté, Ségolène Royal fait un pari insensé pour une candidate socialiste. Elle prend une liberté incroyable en osant débattre avec le Centre. C’est initier une nouvelle donne politique. Il est clair que l’orientation de la candidate socialiste est celle de la branche sociale démocrate. Elle met en scène ses rencontres avec Jacques Delors et Dominique Strauss-Kahn, dont on sait qu’ils ont davantage de points communs avec François Bayrou qu’avec Henri Emmanuelli ou Jean-Luc Mélenchon au sein même du parti socialiste.
L’enjeu pour la candidate Royal est simple : La victoire ou la défaite. Elle donne donc une identité plus affirmée à son programme, une identification claire à sa proposition. Au premier tour, elle n’a su que relativement convaincre. Une part non négligeable de son électorat traditionnel s’est portée sur François Bayrou. Le maintien de la candidate socialiste en nombre de suffrages s’est opéré par un glissement des votes de l’extrême gauche. L’extrême Gauche n’a pas effectué un vote d’adhésion au projet de Ségolène Royal, mais un vote dit “utile” pour garantir la présence de la Gauche, “même celle de Royal” ont dit certains, au second tour. A l’opposé, Nicolas Sarkozy a bénéficié d’un glissement des voies de l’extrême droite tandis qu’une part de l’électorat modéré de l’UMP s’est orienté vers le candidat du Centre face à la droitisation du discours de Nicolas Sarkozy.
On peut se dire au bilan que la France est coupée en deux.
La première France, celle qui s’est ralliée à Nicolas Sarkozy se sent étouffée par la pesanteur et les restrictions imposées par l’Etat, par les impôts et les prélèvements, elle n’en peut plus de l’assistanat et des “voyous” qu’elle assimile volontiers à l’immigration. Cette France-là attend un “coup de Kärcher” libéral et sécuritaire.
Et c’est justement ce que redoute la France qui a voté Ségolène Royal ! C’est une France qui craint les effets de la mondialisation, la perte des acquis sociaux et la disparition des services publics. Une France qui voudrait bien des réformes mais qui en craint les effets. Une France qui se déconsidère au présent mais qui a peur de l’avenir.
Pari d’une droite dure pour Nicolas Sarkozy, pari d’un repositionnement pour Ségolène Royal, pari d’un Centre autonome pour François Bayrou.
François Bayrou n’a pas donné de consigne de vote pour le second tour de scrutin à l’élection du Président de la République.
Les soutiens de Nicolas Sarkozy ont dès lors attaqué vivement François Bayrou le taxant même d’irresponsabilité politique.
La surenchère des attaques personnelles, la multiplication des intimidations, le mépris pour cet électorat m’a profondément ulcéré. J’ai voté François Bayrou, j’ai soutenu une certaine idée de la politique, une certaine idée de l’ouverture et du renouveau. Je n’admets pas qu’ensemble et séparément on conteste à cet électorat l’intelligence collective dont il a fait preuve en soutenant un candidat qui avait non seulement un programme cohérent, mais un projet en perspective pour la France dans l’Europe et dans le monde.
Electeur de François Bayrou, j’attendais justement de celui que j’ai soutenu à l’élection du Président de la République qu’il ne me donne pas de consigne de vote. Il offre à ses électeurs la liberté et l’indépendance. Une liberté que chacun et chacune est en droit de pouvoir exprimer. Une indépendance que je revendique personnellement.
L’amertume, l’agressivité, l’irrespect, l’insulte à mon intelligence politique en tant qu’électeur de François Bayrou qu’exprime aujourd’hui l’UMP et ses représentants est indigne.
C’est exactement la France que je ne veux pas. Je ne veux pas d’une France coupée en deux par le mur du mépris. Je ne veux pas d’une France où certains s’octroient le monopole du bon sens et s’autoproclament détenteurs de la Vérité absolue en réfutant aux autres le droit de penser autrement.
Je le redis encore: Je veux la France de l’Ordre social. Je le redis encore: Je crois à l’intelligence collective du corps électoral.
Je le redis encore: Je pense que nous pouvons travailler ensemble, avec des sensibilités différentes au redressement de notre pays en associant les compétences plutôt qu’en opposant les Français.
Le centre qu'est ce que c'est , un point au milieu d'un cercle, fatalement il y a des courants différents que je respecte et c'est pour cela que je pense que Fraçois n'aurai pas du accepter entre les 2 tours un débat avec Ségo. D'un autre côté j'apprécie qu'il ne donne pas de consigne de vote. mais ce n'est que mon avis , et je ne détiens pas le monopole de la vérité. Je m'interroge sur l'utilité de ce débat ? le servira til pour les prochaines élections ? c'est peut être un débat de trop. Pourtant je souhaite que pour les législatives ils soit bien présent. Mais je ne baigne pas dans le milieu politique c'est peut être pour cela que je m'interrroge. J'ai été surprise lorsque Simone Veil pour laquelle j'ai énormément de respect et que j'admire s'est ralliée à N Sarkozy "un homme qui ne représente que lui même".
En fait je parle avec mon intuition et mon ressenti, ce n'est pas de la politique.
Rédigé par : christiane | 27 avril 2007 à 18:36